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149575

(1966) Jalons, Dordrecht, Springer.

Heidegger et Kant

Mikel Dufrenne

pp. 84-111

La philosophie de Heidegger se propose comme une réflexion sur l'être. Sur l'être, et non sur l'étant: toute son originalité réside dans cette distinction 2. S'interroger sur la Nature, l'Histoire, ou la Liberté, - ce que Husserl appelle les régions ontologiques et que Heidegger ramène à l'ontique, - c'est déjà invoquer un être déterminé, c'est-à-dire un étant; et c'est manquer l'être antérieur à toutes les déterminations, l'être qui précède tout étant, dont nous avons une compréhension immédiate toutes les fois que nous prononçons le mot: est. Tout l'effort de Heidegger va à penser cette révélation d'une présence absolue. On pourra se demander si cette réflexion ne s'oriente pas peu à peu vers une philosophie du type de celle de M. Gabriel Marcel, avec laquelle elle n'avait en commun au départ que la défiance à l'égard du cogito; les plus récents écrits de Heidegger semblent donner à l'être de plus en plus d'initiative et d'autorité. Mais, au stade où nous nous plaçons, l'être apparaît comme ce «il y a» fondamental, dont Hegel disait qu'il est le concept le plus pauvre de tous, et destiné à être bientôt dépassé, en suivant le fil dialectique, vers des déterminations plus riches, mais où Heidegger veut saisir la patrie de tout Logos. Aussi la question fondamentale est-elle, non pas: qu'est-ce que l'être? car la réflexion dérive alors vers l'ontique, mais: pourquoi y a-t-il de l'être? 3 comment est-il possible que quelque chose soit?

Publication details

DOI: 10.1007/978-94-010-3575-0_4

Full citation:

Dufrenne, M. (1966). Heidegger et Kant, in Jalons, Dordrecht, Springer, pp. 84-111.

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