Faire parler le parlement comme le Prince ?

Philippe Caron

pp. 29-50

RÉSUMÉ: En dehors du Dictionnaire qui justifie son existence aux yeux des profanes, l’Académie française a produit sous son nom plusieurs recueils d’observations normatives de 1635 à 1720. Certains ont été publiés, d’autres non. Cet article montre comment, dans les premières décennies, elle cherche le style de son rôle. En effet, chargée par l’alter ego du Prince d’édicter un bien-dire royal, c’est-à-dire d’exercer une sorte de magistère linguistique, elle ne se sent pas vraiment à l’aise dans ce type de fonction. C’est ainsi qu’elle passe graduellement d’un style délibératif et collégial, qui n’exclut nullement l’expression de la pluralité des suffrages, à un ton plus impersonnel, plus régalien, c’est-àdire qui expurge toute trace de débat, tout ce qui rappellerait au lecteur la relativité de l’avis et la provenance empirique de la décision. Ce n’est donc que peu à peu que, des Sentimens sur le Cid (1638) aux Remarques sur le Quinte-Curce et Athalie (1719-1720), en passant par ses annotations sur les Remarques de Vaugelas (1704), elle s’installe dans la chaire que lui avait assignée son protecteur le cardinal de Richelieu. En somme le parlement finit par parler comme le Prince.

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Full citation:

Caron, P. (2002). Faire parler le parlement comme le Prince ?. Histoire Épistémologie Langage 24 (2), pp. 29-50.

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